Non, il ne s’agit pas d’un militaire de la route qui a subitement décidé de barrer le chemin aux véhicules en s’allongeant sur la chaussée… Mais bien d’un surnom, utilisé pour tout ce qui touche aux ralentisseurs de vitesse sur la voirie. Dos d’ânes et autres coussins berlinois servent à réduire automatiquement la vitesse sur la route et agissent comme des sentinelles, tout comme un gendarme le fait (en position debout, cette fois-ci). Pour être plus rigoureux, un ralentisseur est, selon le code de la route, la définition pour tout dispositif surélevé de la chaussée. Il y en a de nombreux et il s’agit de pouvoir les reconnaître rapidement, afin de rouler en toute sécurité et ne pas risquer d’abîmer son véhicule, ou bien entendu, risquer un incident impliquant une personne. Sur ce dernier point, un piéton peut perdre la vie huit fois sur dix lors d’une collision directe à quatre vingt kilomètres à l’heure, tandis que cela tombe à une fois sur dix lorsque le véhicule d’impact est à une vitesse deux fois moins élevée. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes : les gendarmes couchés sont vraiment les gardiens silencieux de la route.
Le plus ancien ralentisseur : le dos d’âne
C’est le premier type de dispositif intégré à la chaussée qui a permis de ralentir les voitures qui circulent sur une route en France, c’est pourquoi le dos d’âne a donné le surnom familier à la catégorie générale des ralentisseurs. Il peut se voir de loin, étant donné le renflement qui traverse la route de part en part. Ce ralentisseur de vitesse peut également se trouver sous une autre forme, plus fine et non faite de revêtement routier, mais d’un matériau plastique résistant. Cela sert notamment dans les parkings. Pour finir sur le dos d’âne, on peut sur la voirie en trouver de deux formes différentes : arrondie, qui est la forme classique, mais aussi en trapèze (c’est-à-dire avec un plateau, il est donc plus long). Ce dernier modèle permet de placer un passage pour les piétons sur son dos, contrairement à la forme arrondie qui ne possède pas assez de longueur pour cela. S’il y a besoin d’en intégrer un dans ce dernier cas, il est généralement placé deux dizaines de mètres après (pas avant, pour une raison évidente).
Le ralentisseur d’outre Rhin : le coussin berlinois
Avec sa dénomination assez sympathique, le coussin berlinois (ou alors ralentisseur cassis) prend son nom de la capitale allemande. En effet, c’est là-bas que fut expérimenté pour la première fois ce type de ralentisseur. Contrairement au dos d’âne, il ne traverse pas de part en part toute la largeur de la voirie. Assez jeune par rapport à d’autres dispositifs, le coussin berlinois est une plaque carrée ou rectangulaire, possédant des bords de forme oblique par rapport à la route. Un tel design permet de faire ralentir tous les véhicules, mais pas de la même façon : les voitures peuvent passer par-dessus délicatement, tandis que les véhicules plus imposants comme les bus (qui n’ont pas le même écart entre les roues) doivent légèrement les contourner. Cela semble assez astucieux, néanmoins le coussin berlinois possède un défaut de taille : il est particulièrement dangereux en cas d’aquaplaning par les motards, qui peuvent glisser dessus.
Le ralentisseur d’alerte : la bande sonore
Non, il ne s’agit pas des petites barres de couleurs qui s’agitent sur un écran qui affiche les ondes de musique, mais d’un type de ralentisseur spécial. Il s’agit d’une succession de bandes étroites et plus en moins espacées entre elles, de couleur généralement blanche. Placées de manière perpendiculaire à la route, c’est un ralentisseur assez répandu sur les autoroutes et les voies rapides. Comme son nom l’indique, au passage d’un véhicule, il y a un bruit qui est émis et qui est nettement reconnaissable par le conducteur. C’est ainsi un moyen de lui faire comprendre par le son qu’il vaudrait mieux ralentir. Les bandes sonores sont souvent placées vers les péages, car ils barrent les autoroutes de part en part et il est nécessaire que tout le monde ralentisse au même moment.
Le ralentisseur zig-zag : le créneau ou chicane
Nous voyons de plus en plus à l’abord des villages les fameux îlots latéraux, qui forcent les conducteurs à ralentir et à faire un zig-zag pour pouvoir continuer la route. Ils peuvent prendre plusieurs formes, par exemple de grands bacs à fleurs qui occupent l’emplacement de la chicane. Ce type de ralentisseur permet en outre d’éviter les dépassements dangereux aux abords des agglomérations, plus particulièrement vers les écoles. En tout cas, contrairement aux ralentisseurs qui placent des obstacles de part et d’autre sur la route, il n’y a pas de dangers ou d’inconfort à devoir ralentir, si ce n’est être vigilant et ne pas rouler tout droit.
Le ralentisseur étroit : l’écluse
Ce ralentisseur est en quelque sortes le cousin du créneau et de la chicane. En effet, il s’agit encore une fois de ne pas placer d’élévation sur la chaussée, mais d’effectuer une déformation de la voirie. Au lieu du zig-zag, il y a un renflement des deux côtés, au même moment. C’est un goulot d’étranglement routier qui force à une alternance temporaire de la circulation. La règle pour savoir quelle voiture doit avoir la priorité en premier est simple : le véhicule qui est dans le sens opposé est tenu de patienter, pour ensuite passer à son tour. On peut comparer ce ralentisseur à une forme de circulation alternée en cas de travaux, ou encore au passage sous un pont étroit qui ne laisserait pas la place pour deux voies côte à côte.
Conclusion
Le code de la route regorge d’astuces pour faire ralentir les automobilistes et autres motards. Il ne s’agit pas de brimer ces derniers par pure idéologie sécuritaire, mais bel et bien de réduire progressivement le nombre de drames sur la route. Nous l’avons évoqué en introduction de cet article, il y a des chiffres indéniables chaque année qui précisent que le nombre de décès diminue d’année en année avec toutes les mesures en faveur de la conduite raisonnée. Remercions alors les ralentisseurs et autres gendarmes couchés !